Baron - Rouergue.
D'argent à quatre pals de gueules.
Le château de Sévérac, près des sources de l’Aveyron, fut le berceau d’une illustre famille de chevalerie et de haut baronnage est mentionnée dans les chartes à partir du Xe siècle, époque à partir de laquelle, les seigneurs de Séverac avaient déjà une
importance considérable.
La baronnie de Sévérac comprenait en Gévaudan : la châtellenie du Recous, les paroisses d'Inos et de Saint-Georges, le baillage de Lévejac,
les paroisses de Dolan, de Saint-Préjet et des Vignes, et une partie de la paroisse de Banassac.
Elle appartint, depuis une antiquité reculée, à l'illustre famille de ce nom, qui se greffa sur
les Caylus, puis s'éteignit en 1427, après avoir substitué ses noms et biens à la
maison d'Arpajon.
Le défaut de charte et de monuments historiques antérieurs à l’avènement d’Hugues Capet au trône, ne nous a guère laissé qu’une connaissance
traditionnelle sur les commencements de la plupart des grandes familles dans ces temps reculés ; aussi l’origine des seigneurs de Sévérac se
perd-elle dans l’obscurité du Xe siècle, mais il est certains, du moins que ces barons descendaient d’une illustre et puissante famille puisque
dès leur apparition sur la scène politique, on les voit figurer avec tous les caractères de puissance et de splendeur qui distinguait la noblesse
de premier ordre.
En 1270, Guy de Sévérac participe à la 7ème Croisade. Sa présence à la croisade est constatée par un titre original des
Archives du royaume.
I. Déodat Ier ou Deusdet de Sévérac, vivait en 1070. Il est mentionné dans une donation faite par
Bérenger, vicomte de Millau. C’est le plus ancien seigneur de cette maison jusqu’ici connu.
II. GUI Ier de Sévérac et Aldoinde, sa femme, fondèrent, le 1er mars 1103 l’abbaye de Saint-Sauveur de Sévérac, ordre de
Saint-Benoît, dont deux de leurs filles furent successivement abbesses. Ils établirent aussi, en 1116, le prieuré de Séverac. Gui Ier n’eut de
son mariage que des filles, et Déodat, son frère lui succéda.
II. Déodat II de Sévérac eut pour femme Ermengarde qui d’après l’acte de fondation précité, le rendit père de :
L’ordre ne régna pas longtemps dans l’abbaye de Saint-Sauveur, et Déodat II, de concert avec l’évêque de Rodez, en expulsa
les religieuses, le 4 mars 1150, et les fit enfermer dans un village appelé Bellas, près de Sévérac.
L’évêque Adhemar appela à leur place les religieux de Saint-Chaffre du Puy, auxquels il donna les églises de Sévérac, de Gaillac et de Saint-Dalmaz,
suivant la demande qui lui en avait été faite par Déodat de Sévérac, sa femme et leurs enfants, du consentement du vicomte de Millau et de Richard,
son frère.
Déodat II avait un frère, Raymond de Sévérac, dont un titre de l’an 1147, nous a révélé l’existence. C’est le contrat de mariage de la fille de
Raymond, nommée Platz, avec Raymond d’Aigrefeuille, titre doublement précieux, en ce qu’il jette quelque jour sur la famille et les biens de la
maison de Sévérac à cette époque reculée, et qu’il est le plus ancien document écrit des actes de mariage dans notre province. Le manuscrit, sur
velin est en très beaux caractères et merveilleusement conservé ; En voici la traduction littérale :
« Au nom de N.S.J.C., sachent tous les hommes que l’an de l’incarnation 1147, dans la Ve lune, régnant Louis roi, moi Raymond de Sévérac, donne
de bonne foi et sans tromperie, à vous Raymond d’Aygrefeuille, avec ma fille Platz, et pour sa dot, toute la partie qui m’appartient au château de
Sévérac, ainsi que tous les droits seigneuriaux (honore meo) que j’ai dans mon mandement ; savoir : tout ce que je possède à Altès ou dans l’église
dudit lieu ; à Sermeillets, à la Rovère sur Tèbres, à Domedac et sur la montagne, l’alleu de deux villages et tout ce que j’ai sur la montagne de
Nadal et Boscegal, et las Ausedas, et Mangarescas, sept villages pour l’alleu et tout ce que j’ai dans l’église ou le lieu de Saint-Dalmazy, et
le mas de la Vaissette, et tout ce que j’ai au Tessonieu, et tout ce que j’ai au mas Sagrano, dans l’église ou le lieu de La Capelle, et le
château de Doalon pour l’aleu et le fief qu’on y tient de moi, et tout ce que j’ai de plus et possède ou quelqu’un en mon nom, avec les cens de
la susdite seigneurie dans l’entier mandement de Sévérac, sicut Tarnis fluvius discurrit versus Severacum, et tout ce que j’ai à Peyrelade ou
dans son mandement provenant de l’hérédité de ma mère, ainsi qu’à Mont-Paon. Je vous donne en outre, à vous Raymond d’Aigrefeuille, avec
ma fille Platz et pour sa dot, la moitié du lieu de saint-Beauzély et de son église, avec toutes les choses qui appartiennent à ladite église,
et la moitié de Villeta avec la moitié du fief, moitié que Déodat de Podio-Sibarno tient en gage pour cinquante sous melgoriens, et le mas de
las Adalgardes, pour l’alleu et moitié du quart en seigneurie, et le fief de l’autre moitié, et le mas de La Vaissière pour l’alleu et le fief,
ainsi que les maisons de Montpaon et la moitié qui m’appartient audit château de Montpaon, Il menses per alodium ; et la présente donation vous
est faite à vous Raymond d’Aigrefeuille de telle sorte et à cette condition que si vous avez des enfants de ma fille Platz, tous ces biens doivent
leur appartenir après votre mort, ou celle de ma fille retourner à mes proches. Témoins de la chose : Déodat de Sévérac, et Gui le jeune de Sévérac,
Hugues Ratier, et Raymond Ratier, Pierre de Ahenriey, Raymond Oalric, et Ratier, son frère, Bernard Gauzfred, Raymond Bertrand, Raymond de Pierre,
Bernard Ricard. »
Le présent acté écrit par Guirbertus.
A la même époque vivaient :
Hugues de Sévérac, peut-être autre frère de Déodat II, qui donna au monastère de Bonnecombe, en 1173, la quatrième partie du village de Fréjemaïous
et, en 1188, ce qu’il possédait à Carbasse, à Caucil, et généralement toutes ses propriétés jusqu’à l’abbaye (Tit. De Bonnecombe).
Dieudonné de Sévérac, élu abbé de Saint-Victor de Marseille en 1179, mort en 1182,
L’histoire du Languedoc mentionne de son côté un Guillaume de Sévérac, qui était abbé, en 1176, de Saint-Théodard, abbaye de Montauban, érigée en
évêché par le pape Jean XXII.
III. Gui II de Sévérac, fils de Déodat II, fut tué près de Montpellier le jour de Pâques, 5 avril 1181, avec
Raymond-Bérenger, vicomte de Millau, duquel il avait embrassé le parti contre Raymond, comte de Toulouse. Il avait épousé une des sept filles de
Gilbert, comte de Barcelone. (Lang. ,t. III, p. 56).
IV. Gui III de Sévérac, chevalier, confirma, en 1189, la donation que son père avait faite à Pierre, abbé de Bonneval,
de l’église de Pierrefiche.
Il avait épousé Béatrix de Canillac, héritière de la maison de Canillac, dont il n’eut qu’une fille, Irdoine de Sévérac, qui
devint femme de Guillaume, comte de Rodez, mais celui-ci étant mort, en 1208, Irdoine
se remaria l’année suivante avec Deusde, ou Déodat de Caylus, qui prit le nom et les armes de Sévérac et fut ainsi appelé à perpétuer la descendance
de cette illustre maison.
La preuve de ces faits, ignorés jusqu’ici des généalogistes, se trouve dans un carré de parchemin découvert parmi les titres de la maison de Sévérac
qui sont en notre possession. C’est le testament, plutôt le codicille d’Irdoine comtesse de Sévérac, en date du 1er novembre 1220.
Après plusieurs dispositions pieuses, elle lègue deux mille sous à sa fille Guize, et trois cents marcs d’argent à Béatrix, son autre fille,
payable quand elles se marieront. Puis elle ajoute : « Guizo mo fill faz e establisse here el castel de Seveirac e en tots sos pertenemens e en
tota la terra que fo de mon paire … Dausde mo fill fas e establisse here el castel de Canillac e de tots sos pertenemens e en tota la terre que fo
de ma maire… Elle mentionne ensuite Dausde de Castlus so marit et leu paire. »
Dans un acte antérieur qu’on voit aux anciennes archives de Rodez, aujourd’hui aux archives du département, il est dit qu’en 1215, Irdoine de Sévérac
et Déodat de Caylus, son mari, vendirent à Pierre, évêque de Rodez, la place de Coussergues, avec ses appartenances, hommes et femmes, alleus, fiefs,
feudataires, herbes, eaux, bois, etc., moyennant huit mille sous rodanois. Acte passé le 4 des ides de mars au réfectoire du cloître de Sévérac.
Le mariage du seigneur de Caylus avec la dame de Sévérac se trouvent aussi énoncé dans un titre fort ancien du couvent de Bonnecombe. C’est une sentence arbitrale de l’an 1245, rendue sur un différent qui s’était élevé entre les religieux de ce monastère et noble Gui de Sévérac, au sujet des herbes et pâturages du territoire et mandement du château d’Ayssènes. Il y est dit :
« Que tout ce que Gui possédait dans la vicomté d’Ayssènes qui lui venait de sa mère, par la suite d’une donation à elle faite jadis par le seigneur
de Caylus, son époux, à l’occasion de leur mariage » (Cart. T.I. fol.51.).On remarquera qu’Ayssènes portait alors le titre de vicomté et appartenait
à la maison de Sévérac.
Enfin, il existe un hommage de l’an 1244, dans lequel Gui de Sévérac se dit fils d’une comtesse de Rodez, comitissae quondam Rhuthenae.
Si l’on rapproche ces différents faits, il demeurera clairement établi :
1° Qu’Irdoine, qualifiée de comtesse de Sévérac dans le testament de 1220, n’est autre que celle qui avait d’abord épousé le comte de Rodez
Guillaume, et que c’est pour cette raison qu’elle prit jusqu’à sa mort le titre de comtesse ;
2° Qu’elle était fille d’un seigneur de Sévérac et d’une femme de la maison de Canillac ;
3° Qu’elle épousa, en deuxième noces, Déodat de Caylus dont elle eut deux filles, Guize et Béatrix, et deux fils, Gui, héritier des biens
patrimoniaux de la maison de Sévérac, et Deusde ou Déodat, qui eut en partage ceux des seigneurs de Canillac alors éteints et dont il perpétua
le nom et la descendance.
Cette explication, basée sur les faits lève la difficulté attachée au titre de comtesse, pris par une dame de Sévérac et qui avait jusqu’ici tant
embarrassé les généalogistes. Les historiens du Rouergue ont tous ignoré ce deuxième mariage de la veuve du comte Guillaume qu’ils appellent mal
à propos Irdoine de Canillac, bien que l’engagement qu’elle fit, de concert avec son mari (6 mars 1208), des châteaux du Layssaguès, provenant de
sa dot, eût dû les faire apercevoir de leur erreur, car tous ces châteaux faisaient partie du domaine propre de la maison de Sévérac, et, en
souscrivant cette cession, Irdoine a soin d’indiquer son origine par ces mots : « et eu Irdoina filia que fu de Beatrig de Canillac, etc.
V. Déodat III de Caylus, seigneur de Combret et Caylus est le fils
de Pierre de Combret, vicomte d'Ayssènes et de Combret.
Cette famille puissante cumule au XIIIe siècle, sous des noms divers, d'immenses territoires depuis le Gévaudan jusqu'au Bas-Languedoc.
Sa mère, Marie de Caylus est dame de Caylus, Saint-Affrique, Bournac, dans le Rouergue et du château de Montaigut, en 1192. Les seigneurs de Caylus,
d'ancienne chevalerie et de haut baronnage, sont connus avant l'an 1000 et comptent dès celte époque reculée parmi les plus puissants du pays.
Déodat III de Caylus prend le nom et les armes de Sévérac et devient ainsi Déodat III de Sévérac. Il était seigneur de Sévérac en 1212.
Il soutint un siège contre Simon de Montfort qui, après d’assez grands efforts, emporta le château de Sévérac le 21 novembre 1214. « Déodat, dit
Pierre de Vaux-Cernay, à la tête d’une troupe de routiers qu’il avait près de lui, infestait tous les environs et faisait des courses jusqu’au Puy.
Simon de Monfort, après avoir reçu l’hommage du comte de Rodez, résolut de réduire le château de Sévérac. Il envoya d’abord sommer le seigneur de
lui remettre son château ; et sur son refus, il détacha une partie de ses troupes sous les ordres de Gui, son frère, qui surprit le bourg inférieur
de Sévérac, situé sur le penchant de la montagne, et s’en empara. Simon suivit de près, et s’étant logé dans les maisons du bourg, il dressa ses
batteries contre le château et le serra de si près que les assiégés, qui manquaient de vivres, furent obligés de se rendre. Il confia la garde de
cette place à Pierre de La Treille, évêque de Rodez, et à Pierre Bermond d'Anduze, seigneur de Sauve, et rendit bientôt après au seigneur de
Sévérac tous les autres domaines dont Gui de Montfort l’avait dépouillé, et enfin le château de Sévérac lui même dont il reçut l’hommage. » (Hist. du Languedoc, liv. XXII, p. 234,
ed Dumège.)
Ce Déodat et Arnaud de Caylus prennent part à la septième croissade entreprise par
Saint-Louis, en 1246. Leurs armes figurent dans la
troisième salle des Croisades du château de Versailles. Un emprunt de 400 livres est fait par Déodat de Caylus, Hugues de Curières et cinq
autres chevaliers garanti par le comte Alphonse de Poitiers, à Acre, en 1250.
Déodat III avait épousé, comme nous avons vu, Irdoine de Sévérac, héritière de sa maison, et veuve
de Guillaume, comte de Rodez.
il eut :
VI. Gui IV de Sévérac rendit hommage le 3 mai 1244, à l’évêque de Mende, pour les châteaux de Lévéjac, de Dolan et de
l’Oucoux (del Rocs), dans l’église de la Canourgue, en présence de Pierre Amblard, de Bernard de Cenaret, et de Guillaume de Mostuéjouls,
chevaliers.
Il fut fait chevalier aux fêtes de Noël de la même année, dans une cours plénière que tint à Toulouse le comte Raymond VII et où il crée 200
chevaliers.
Il souscrivit, en 1249, au testament de ce comte de Toulouse et de Rouergue ; et de dix sceaux dont l’acte est scellé, celui de Gui de Sévérac est
le premier, du côté droit. C’est ce même Gui qui adressa, en 1260, à Alphonse, comte de Toulouse et de Rouergue, une plainte fort vive contre
Vivian, évêque de Rodez, qu’il accuse de divers griefs, et notamment d’abominables exactions. Cette curieuse plainte est rapportée tout au long
dans le Mémoires de l’abbé Bosc.
Au mois de juin 1270, Gui IV affranchi de la taille et toulte, les hommes et femmes de Sévérac, et de son mandement. Il voulut que Richarde,
sa femme, et son fils Gui approuvassent cet acte, celui-ci le fit le même jour, et Richarde, le 6 juillet suivant, à Montpellier, dans le jardin
de Michel Pelet. Gui partit la même année pour Jérusalem et mourut dans le voyage.
Il paraît que ses terres ne furent guère respectées pendant son absence. En 1271, le bailli de Sévérac se plaignait de ce que « le baille de
Peyrusse, du commandement du sénéchal du Rouergue, avait mis ses gens au château de Sévérac au préjudice de Gui qui était alors au service de Dieu
contre les infidèles, et de ce qu’il était venu avec des hommes armés de l’évêque de Rodez envahir le village de Lapanouse et forcer l’église
contre les défenses du roi. » (Arch. du domaine de Montauban.)
Une autre pièce tirée des mêmes archives dépose de ces guerres acharnées que se faisaient les seigneurs pour vider leurs querelles particulières
au grand détriment des populations qui leur étaient soumises. C’est une procuration de l’an 1270, faite par Pierre del Brolh, du village del Fau,
à son fils, pour recevoir de Gui de Sévérac des dédommagements pour la perte qu’il lui avait causé, quand il était au village de Gauriazel, pour
incendies, rapines et autres excès, commis par ses soldats du temps de la guerre qu’il faisait à Raymond de Panat, perte montant à plus de
mille livres. (id.)
Gui IV de Sévérac avait épousé, en 1232, Richarde de Panat, fille d’Hector de Panat et de Guise de Gairajac, celle-ci fille de Gui de Gairajac.
Il en eut sept enfants :
VII. Gui V de Sévérac, seigneur de Sévérac, épousa, vers
1273, Gaillarde de Bruniquel, fille de Barthélémy de Tolose, vicomte de Bruniquel,
qui lui constitua en dot 30 000 sous et la moitié des terres d’Hélène, sa femme. (Arc. Du domaine de Montauban.)
Dans son testament, fait en 1282, Gui V, imposa à Gui, son fils et son héritier, l’obligation d’envoyer au secours des Saints Lieux un chevalier
de son nom, pour y passer deux ans. (Gaujal, Ann. Du Rouergue.) Ses enfants furent :
Sources : Hippolyte de Barrau : Documents historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables
du Rouergue. Rodez 1853. Tome n° 1 page 469.
Armorial du Gévaudan - Vicomte de Lescure page 255.
Dictionnaire des anciennes famille de l'Auvergne - Tardieu, page 369.